Comment répondre à la pénurie de personnel dans les crèches ?
Le manque de places d’accueil en crèches pour les jeunes enfants est un sujet qui revient régulièrement dans les discussions entre parents, mais également dans les conseils municipaux et les différentes instances des collectivités territoriales. En cause : un manque massif de personnel qualifié pour accueillir les enfants, ce qui limite le nombre de places dans les structures, dont les crèches. Alors que le gouvernement a annoncé en juin 2023 la mise en place d’un véritable Service public de la petite enfance (SPPE) avec notamment la promesse de créer 200 000 places d’accueil supplémentaires d’ici 2030, la nécessité d’agir sur la pénurie de personnel dans le secteur de la petite enfance se fait de plus en plus sentir.
Pénurie de personnel dans les crèches : état des lieux de la situation
La nécessité de développer l'accueil collectif
Actuellement, le pays compte 1,3 million de places d’accueil, lesquelles sont réparties à la fois entre l’accueil individuel (assistantes maternelles) et l’accueil collectif (crèches et classes de très petite section en école maternelle). Bien que les assistantes maternelles couvrent davantage de places (817 000) que les structures collectives (547 000), la tendance risque de s’inverser dans les années à venir.
En effet, plus d’un quart des assistantes maternelles partiront à la retraite d’ici 2030 et les arrivées dans la profession ne permettent pas de compenser les départs (-10,6% entre 2019 et 2021). De plus, on observe depuis quelques années une préférence des parents pour l’accueil collectif. Celle-ci s’explique notamment par les conditions d’accueil (présence d’autres enfants, plusieurs personnes pour veiller sur l’enfant), mais également par le prix, une place en crèche coûtant moins cher que chez une assistante maternelle. Par conséquent, développer l’accueil collectif est déterminant, que ce soit pour répondre aux besoins présents comme aux besoins futurs.
La dégradation des conditions de travail et d’accueil en crèches
A ce jour, les crèches souffrent d’un manque de 10 000 professionnels et près d’une crèche sur deux déclare rencontrer des problèmes de recrutement. Contraints de travailler à effectif réduit, les professionnels présents voient leurs conditions de travail se dégrader, de même que la qualité d’accueil. Il dénoncent également des salaires trop bas et une dévalorisation constante de leurs métiers, ce qui n’aide pas à améliorer l’attractivité des métiers de la petite enfance.
Face à la pénurie de personnel, le gouvernement a pris en juillet 2022 un arrêté permettant de recruter plus facilement des salariés non diplômés et de les former en interne. Loin de satisfaire le secteur, la mesure a au contraire été vivement critiquée. Les professionnels craignent notamment une détérioration des conditions d’accueil, en particulier sur les règles de sécurité et d’hygiène, et dénoncent un manque de temps pour former les arrivants sans qualification. La mesure a également été pointée du doigt pour son caractère dévalorisant, les métiers de la petite enfance exigeant des diplômes. Dans tous les cas, cet arrêté ne peut constituer une solution pérenne et d’autres pistes doivent être envisagées.
Pénurie de personnel dans les crèches : quelles pistes d’amélioration ?
Le manque d’attractivité des métiers de la petite enfance constitue le point d’orgue du problème. Dès lors, comment donner envie de s’engager dans le secteur ? Ci-dessous, un bref aperçu des mesures réclamées par les professionnels :
Promouvoir et revaloriser les métiers de la petite enfance
- Organiser des campagnes de communication pour mettre en lumière l’importance du rôle des professionnels dans la socialisation et l’éveil des enfants, ainsi que dans le repérage précoce du handicap. Une campagne semblable a déjà été menée au printemps 2023, toutefois des initiatives de ce type pourraient être renforcées, notamment dans les département où la pénurie de personnel est la plus importante
- Accorder du temps aux professionnels pour qu’ils aillent dans les collèges et dans les salons de l’orientation parler de leur métier et susciter des vocations
Améliorer les conditions de travail en crèches
- Revaloriser les salaires du personnel des crèches. En comparaison avec d’autres pays européens réputés pour leur politique d’accueil du jeune enfant, les revenus des personnes travaillant dans la petite enfance en France sont très bas. En Suède par exemple, où le personnel de crèche reçoit une formation similaire à celle des professeurs des écoles (équivalent BAC+3), le salaire est sensiblement le même que pour des enseignants en primaire. La formation, combinée à un salaire plus élevé, permet non seulement d’améliorer la qualité d’accueil, mais également de valoriser les métier de la petite enfance au niveau sociétal
- Expérimenter la semaine de 4 jours, comme la Ville de Paris
- Faciliter l’accès à un logement social et à une place en crèche pour les agents de la petite enfance
- Revoir à la hausse le taux d’encadrement, d’actuellement 1 professionnel pour 6 enfants d’âges mélangés : une solution également souhaitée par la Ministre des Solidarités mais qui impliquerait de fermer des places, en raison justement du manque de personnel. A titre de comparaison, le taux d’encadrement au Danemark est d’un professionnel pour trois enfants
Investir dans la formation de professionnels
- Ouvrir davantage de centres de formation. Alors que le besoin de personnel s’étend à tout le territoire français, certains départements ne compte aucun centre de formation
- Encourager l’apprentissage afin de professionnaliser rapidement les personnes s’engageant dans le secteur
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