Précarité et santé : comprendre les enjeux, agir localement
9 millions de Français, soit 14% de la population, étaient en situation précarité en 2022 selon l’Insee. Ipsos a réalisé en 2024, pour le Secours populaire français, le 18e baromètre de la pauvreté et de la précarité, qui brosse le tableau d’une précarité qui s’aggrave, s’étend et où l’accès aux soins se dégrade fortement.
La précarité, un facteur majeur de risque pour la santé
Lien entre précarité et santé
D’après le Haut conseil de santé publique, la précarité est une situation d’instabilité qui prive une personne de sécurités essentielles, comme un emploi stable ou des ressources suffisantes. Elle peut toucher des jeunes sans qualification, des travailleurs précaires ou des familles modestes, et, si elle se prolonge, conduire à la pauvreté et à l’exclusion sociale.
Depuis plusieurs décennies, les recherches ont démontré que la précarité est associée à une augmentation significative des problèmes de santé. En particulier, les personnes en situation de grande précarité sont davantage exposées à des maladies transmissibles, à des troubles de santé mentale et à une prise en charge médicale tardive ou inadéquate.
Le lien entre précarité et problèmes de santé s’explique par différents facteurs :
- Des conditions de vie dégradées : logement insalubre, absence de domicile fixe, alimentation insuffisante ou peu équilibrée, exposition accrue à des environnements nocifs.
- Un accès limité aux soins : coût des soins, difficultés administratives, barrières culturelles et linguistiques pour certaines personnes comme les publics allophones.
- Un affaiblissement du souci de soi : l’insécurité financière et sociale conduit à une priorité accordée à la survie quotidienne au détriment de la prévention et du suivi médical.
Précarité et santé : les publics précaires les plus touchés
L’impact de la précarité sur la santé touche davantage certaines catégories de population :
- Les sans-abri : exposition aux intempéries, épisodes infectieux répétés, difficultés d’accès aux soins.
- Les migrants et les personnes sans papiers : accès limité aux dispositifs de santé, barrières administratives et linguistiques.
- Les détenus : conditions de détention favorisant la propagation des maladies, suivi médical insuffisant.
- Les enfants et femmes enceintes en situation de pauvreté : répercussions sur la croissance, déficits nutritionnels, faible couverture vaccinale.
L’accès aux soins des personnes précaires est d’autant plus compliqué dans les territoires ruraux, où les déserts médicaux aggravent les inégalités de santé. En effet, la rareté des professionnels de santé, l’éloignement des structures médicales et le manque de transports publics rendent les consultations plus difficiles, en particulier pour les populations les plus vulnérables.
Malgré l’existence de nombreux dispositifs d’aide tels que l’Aide Médicale d’État, la Complémentaire santé solidaire ou les permanences d’accès aux soins de santé, l’impact de ces mesures reste limité. Plusieurs freins subsistent :
- Des difficultés d’accès aux droits : complexité des démarches administratives et faible information des populations concernées.
- Des actions insuffisamment adaptées : besoin de renforcer les dispositifs mobiles, d’améliorer la prévention et de développer des approches ciblées.
Des initiatives locales pour améliorer l’accès aux soins des publics précaires
Les acteurs locaux jouent un rôle déterminant dans la réduction des inégalités d’accès à la santé. Dans le cadre du diagnostic réalisé pour la Communauté de Communes de Sarreguemines Confluences, Ithéa a identifié de nombreuses actions menées par les partenaires locaux :
- Des initiatives en faveur d’une meilleure alimentation : le chantier d’insertion du CCAS a mis en place un jardin partagé permettant de distribuer des fruits et légumes aux bénéficiaires tout en menant des actions de sensibilisation sur l’équilibre alimentaire.
- Des initiatives en faveur de la santé des femmes : la CPTS Moselle Sud propose un parcours de santé sexuelle qui facilite l’accès aux sages-femmes et offre des consultations dédiées.
- Des initiatives en faveur des familles : en collaboration avec la MSA, les deux CPTS mènent des actions d’éducation à la santé familiale, encourageant les familles à reprendre en main leur bien-être.
- Des initiatives en faveur des jeunes : la Mission Locale accompagne les jeunes dans leurs démarches administratives et vers un bilan de santé complet.
- Des initiatives en faveur des seniors : le parcours « personnes âgées » de la CPTS Moselle Sud vise à détecter les fragilités, promouvoir le sport adapté et une alimentation équilibrée, et orienter les personnes vers le DAC ou des institutions adaptées.
Le Contrat Local de Santé (CLS) : un levier pour lutter contre les inégalités de santé
Le Contrat Local de Santé : améliorer l’accès aux soins
Face aux inégalités sociales et territoriales de santé, le Contrat Local de Santé (CLS) apparaît comme une réponse adaptée pour coordonner les actions locales et améliorer l’accès aux soins des populations les plus vulnérables. Ce dispositif est mis en place conjointement par l’Agence Régionale de Santé (ARS) et une, ou plusieurs, collectivités territoriales.
Le CLS a pour principal objectif de réduire les inégalités de santé, notamment en facilitant l’accès aux soins, en renforçant les actions de prévention et en adaptant l’offre de santé aux besoins spécifiques des populations. De plus, il s’appuie sur une démarche concertée entre les différents acteurs locaux (associations, les établissements de santé et les services sociaux) pour mettre en œuvre des solutions adaptées aux réalités du territoire.
Le Contrat Local de Santé : répondre aux défis liés à la précarité
Un CLS se compose de :
- Une stratégie et des objectifs communs définis en fonction des réalités locales.
- Un programme d’actions pluriannuel élaboré sur la base du diagnostic des besoins du territoire.
- Un outil de suivi et une évaluation régulière pour mesurer les effets des actions mises en place.
Ainsi, il répond directement aux défis liés à la précarité en permettant :
- Une meilleure coordination des dispositifs de santé et d’accompagnement social.
- Une adaptation des soins aux besoins des populations les plus vulnérables, comme les personnes sans domicile, les migrants ou encore les familles en grande précarité.
- Un renforcement des actions de prévention et d’éducation à la santé, particulièrement crucial pour les publics éloignés du système de soins.
Les dispositifs hors-les-murs et les démarches d’aller-vers sont des ressources souvent mobilisées dans les CLS pour améliorer l’accès à l’offre. Ces approches consistent à sortir des structures habituelles pour aller directement à la rencontre des publics vulnérables. Par exemple, l’unité mobile de réduction des risques et des dommages de l’association Ithaque à Strasbourg se déplace en camping-car sur le territoire pour offrir accueil, prévention et soins aux personnes résidant en milieu rural.
Ithéa Conseil accompagne les collectivités dans l’élaboration et la mise en œuvre de leur Contrat Local de Santé
Notre méthodologie du CLS
Afin de définir des actions adaptées, Ithéa réalise une analyse complète des besoins de santé de la population en s’appuyant sur :
Une étude statistique
Une analyse qualitative
Des enquêtes
Notre accompagnement de la Communauté d’Agglomération Sarreguemines Confluences
En 2024, la Communauté d’Agglomération Sarreguemines Confluences a ainsi initié un CLS en partenariat avec l’ARS Grand Est. Dans un premier temps, le diagnostic réalisé a couvert plusieurs thématiques telles que la santé mentale, l’environnement, le vieillissement et l’attractivité du territoire. Dans ce cadre, un séminaire de concertation avec les acteurs locaux a été organisé afin d’établir un diagnostic partagé et d’identifier les priorités d’action. Par ailleurs, ce travail a été complété par la diffusion d’un questionnaire à la population, une étude documentaire, ainsi qu’un questionnaire destiné aux professionnels de santé. L’ensemble de ces outils a permis d’alimenter le diagnostic avec des éléments concrets issus du terrain.
