Le sport, un outil clé pour l’action sociale des collectivités territoriales

le sport come outil d'action sociale

Avec la désignation de l’activité physique et sportive comme Grande Cause Nationale 2024, le sport s’est imposé comme une priorité sociétale. Si les Jeux Olympiques et Paralympiques ont constitué un temps fort du sport de haut niveau, il convient de souligner l’importance du sport du quotidien comme outil d’action sociale, favorisant la santé, l’inclusion et la cohésion sociale. Les collectivités territoriales, en première ligne sur ces enjeux, jouent un rôle central pour garantir l’accès au sport à toutes et tous.

Le rôle structurant des collectivités dans les politiques sportives

Depuis la loi NOTRe (loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République, du 7 août 2015), le sport est une compétence partagée entre les collectivités. Ce cadre juridique leur donne une large marge de manœuvre pour agir, selon les spécificités et les priorités locales. Elles interviennent alors à plusieurs niveaux :

  • Elles financent et entretiennent une majorité des équipements sportifs en France : selon l’Observatoire de l’économie du sport du groupe BPCE (Banque populaire et à la Caisse d’épargne française), sur près de 20 milliards d’euros de financement public, les collectivités contribueraient à hauteur de 12,5 Mrd€, contre 6,7 Mrd€ pour l’Etat
  • Le bloc communal agit directement les clubs et associations sportives via des subventions et des partenariats
  • Les collectivités contribuent au développement du sport scolaire
  • Elles peuvent mettre en place des dispositifs structurants, tels que le projet sportif territorial, qui permettent de coordonner les efforts pour rendre le sport davantage accessible

A noter que les collectivités ont également pu se saisir du sujet du sport ces dernières années, à travers la labellisation « Ville active et sportive ». Lancé en 2017, ce label récompense les communes qui investissent dans le développement de pratiques sportives innovantes. Elles sont actuellement au nombre de 860 lauréates. 

Le sport comme Grande Cause Nationale : un défi se heurtant aux finances publiques

La Grande Cause Nationale 2024 s’est articulée autour de trois priorités :

  • Mobiliser les acteurs du territoire autour du sport, notamment par la tenue d’événements labellisés « Grande Cause » à travers le territoire
  • Mettre le sport au cœur des politiques publiques afin d’en faire un levier efficace pour répondre à une diversité d’enjeux sociétaux
  • Encourager les Français à exercer une activité physique régulière, avec l’objectif affiché de bouger au moins 30 minutes par jour

Cependant, le gel partiel des crédits prévus pour créer 5 000 nouvelles infrastructures sportives compromet cet élan. Or, seules 12 % des infrastructures sportives en France sont considérées comme neuves (c’est-à-dire mises en service après 2005), mettant en lumière la nécessité d’investir durablement pour véritablement promouvoir la pratique sportive des français (source : podcast La chronique d’Héloïse Happio Kane).

Santé et sport : une priorité à tout âge

Le lien entre sport et santé justifie pleinement l’implication des collectivités. Depuis 1990, les adolescents ont perdu 25 % de leur condition physique (source : podcast La chronique d’Héloïse Happio Kane), un signe inquiétant de sédentarité accrue. Chez les adultes également, l’activité sportive constitue un outil préventif contre les maladies chroniques comme les cancers ou les troubles cardio-vasculaires, et a des effets positifs sur la santé mentale. La prévention par le sport est aussi essentielle pour vieillir en bonne santé.

Dans ce contexte, des dispositifs tels que le Pass’Sport, qui aide financièrement les familles à inscrire leurs enfants en club, favorisant une pratique régulière dès le plus jeune âge, ou encore les dispositifs de type sport-santé, sont des outils précieux pour assurer une pratique sportive à toutes les étapes de la vie.

Inégalité femmes-hommes : le sport comme vecteur de progrès

Les inégalités de genre dans le sport demeurent profondes. Si les femmes ne constituent qu’une minorité des licenciées sportives, représentant seulement une licence sur trois en 2022 (INSEE), il convient de noter qu’elles privilégient souvent des pratiques moins institutionnalisées et compétitives que les hommes.

Plusieurs freins persistants peuvent entraver la pratique féminine. Tout d’abord, les stéréotypes genrés inculqués dès l’enfance contribuent à éloigner les filles de certaines disciplines, et d’autant plus au moment de l’adolescence. Ensuite, les équipements et infrastructures sportives sont souvent pensés pour les pratiques considérées comme masculines (football et rugby, entre autres).  Enfin, les postes de direction dans le sport étant encore majoritairement occupés par des hommes : seules 24% des associations à caractère sportif étaient dirigées par une femme en 2018 (INSEE, enquête Situation des associations), la loi du 2 mars 2022 instaure la parité dans les instances sportives dirigeantes, à compter du 1er janvier 2024 et dans le cadre du renouvellement des mandats. 

Pour changer cette dynamique, les collectivités peuvent notamment :

  • Réfléchir différemment à l’aménagement des infrastructures, en veillant à ce que les projets prennent en compte les besoins de toutes et tous
  • Conditionner les subventions à la prise en compte de l’égalité femmes-hommes, une démarche appelée « éga-conditionnalité »*
  • Adopter une budgétisation sensible au genre**, soit un outil permettant de questionner, par le prisme du genre, l’impact des budgets alloués au sport et donc de corriger les inégalités qui en résultent

*Éga-conditionnalité : « L’égaconditionnalité, […] consiste à conditionner l’attribution de financements publics ou des autorisations administratives au respect de principes et de pratiques égalitaires entre les femmes et les hommes. À travers cet outil, il ne s’agit plus de se restreindre à corriger les inégalités en aval, mais bien de les prévenir en amont. » (HCE, Pas d’argent public sans égalité ! Plaidoyer pour un financement public au service de l’égalité, 7 juin 2022)

**Budgétisation sensible au genre : « consiste à intégrer une perspective de genre dans le processus budgétaire. Cela implique de réaliser des études d’impact et des évaluations ex post sur les recettes (impôts, taxes,…) et les dépenses budgétaires (subventions, investissements,…) afin de déterminer si celles-ci renforcent ou diminuent les inégalités entre les femmes et les hommes. » (HCE, Pas d’argent public sans égalité ! Plaidoyer pour un financement public au service de l’égalité, 7 juin 2022)

Vers une action sociale renforcée grâce au sport

La pratique sportive et l’action sociale étant inextricablement liées, réaliser un portrait du territoire, de la population et des pratiques sportives locales permet aux collectivités territoriales d’adapter leurs politiques sportives aux besoins de toutes et tous. En s’appuyant sur des dispositifs tels que les projets sportifs territoriaux, elles peuvent donc renforcer leur action sociale par la valorisation du sport.

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