Les Territoires Educatifs Ruraux : définition, limites et futurs enjeux
Le dispositif des Territoires Educatifs Ruraux est né d’un constat paradoxal : malgré une bonne performance scolaire au primaire et au collège, les élèves en milieux ruraux sont 23,6% à ne pas poursuivre leurs études après le bac, contre 15% en moyenne au niveau national. Afin d’apporter une réponse politique à ces inégalités, la première ministre Elisabeth Borne a annoncé le 15 juin 2023, dans le cadre du plan France Ruralités, se concentrer sur la qualité de la politique d’éducation des territoires ruraux. En conséquence, le gouvernement a déployé à grand échelle l’innovant dispositif des Territoires Educatifs Ruraux (TER). Ce dispositif, lancé en 2021 sur 23 territoires pilotes, a été étendu sur 190 zones supplémentaires depuis janvier 2024. Mais comment se définit un TER ? Quels sont ses objectifs ? A travers le bilan des premières expérimentations, il est d’ores et déjà possible de déterminer d’éventuelles limites et de futurs enjeux.
LES TERRITOIRES ÉDUCATIFS RURAUX, POUR QUOI FAIRE ?
Derrière les chiffres, la non-poursuite d’études des élèves en milieux ruraux s’explique par plusieurs réalités. Les élèves semblent en effet découragés par certains freins découlant de leur situation géographique, comme l’éloignement de l’offre de formation, d’études et d’emploi, ainsi qu’un accès plus difficile à l’information sur l’orientation.
Pour prendre acte de ces inégalités, l’Etat mis en place à partir de janvier 2021 un programme d’expérimentation nommé « Territoires Educatifs Ruraux » dont l’objectif est de renforcer l’accompagnement éducatif de la jeunesse rurale. Pour cela, les territoires sont définis à partir des bassins de vie dans lesquels évoluent les élèves, au-delà des frontières de leur seule carte scolaire. Les Territoires Educatifs Ruraux établissent un lien renforcé entre les différentes structures fréquentées par les jeunes pendant et en dehors du temps d’école. Collèges, écoles et lycées, mais aussi organismes sociaux, familles, réseaux associatifs et entreprises, acteurs sportifs et culturels… Tous doivent apprendre à se coordonner.
Des limites d’ores et déjà identifiées pour les Territoires Educatifs Ruraux :
L’expérimentation menée depuis 2021 a été jugée assez encourageante pour déployer plus largement le dispositif. Cependant, le premier bilan a également permis de pointer 3 limites importantes aux TER.
Tout d’abord, sa gouvernance tripartite (préfet, directeur académique et collectivités), nécessaire pour assurer la coordination, est complexe à assurer. La division de la responsabilité peut conduire à sa dilution. Dans certains territoires, l’Education Nationale s’est retrouvée seule à piloter le dispositif.
De plus, les acteurs évoquent des contraintes de temps importantes et la difficulté de trouver des aménagements dans leurs emplois du temps.
La coordination et le travail partenarial sont pourtant des aspects essentiels des TER, mais ces dispositifs semblent parfois ne pas avoir les moyens de leurs ambitions. Et pour cause : la note d’évaluation de l’Inspection Générale de l’Education, du Sport et de la Recherche (IGESR) souligne un manque de moyens spécifiques. Ce manque de moyens et d’autant plus apparent qu’il s’oppose aux fonds engagés en faveur des cités éducatives, l’équivalent urbain des Territoires Educatifs Ruraux.
Ainsi, l’atténuation des inégalités entre milieux scolaires semble limitée. Il s’agissait pourtant de l’objectif premier des TER.
Les Territoires Educatifs Ruraux : quels enjeux pour le futur ?
Dans le cadre du déploiement des Territoires Educatifs Ruraux, le gouvernement a annoncé engager 30 000 euros de budget pour chaque nouveau territoire, conscient du frein monétaire précédent.
Le but de cette augmentation des financements est d’encourager encore davantage les projets permis par les TER, à l’image des activités culturelles créées grâce à ces dispositifs. Ateliers, résidences d’artistes dans les établissements scolaires, les possibilités sont nombreuses !
La question de la mobilité des élèves, quant à elle, est adressée par la création de nouveaux internats.
Enfin, la politique d’orientation, passe par la possibilité d’un choix d’options et de spécialités diversifiés.
Bien que ces leviers soient essentiels à la réussite des Territoires Educatifs Ruraux, des problématiques plus structurelles (coordination, transversalité, répartition de la gouvernance) et connues du service public ne semblent pas particulièrement adressées. Ithéa Conseil propose une méthodologie pour comprendre les enjeux traversés par un territoire, puis pour travailler ensemble à des dispositifs innovants pour encourager la coordination entre les acteurs. N’hésitez pas à nous contacter pour bénéficier de notre expertise dans la mise en place de votre TER ou dans son évaluation !